« Le soleil explosera, leurs ennemis seront plus nombreux que les étoiles dans le ciel, la terre tremblera et le feu dévorera la vie. Mais ils seront toujours là, debout, en rang serré, l’épée au poing, se tenant fier et nous défiant du regard. Ils seront là car c’est là qu’ils doivent être, ils sont venus au monde dans cet unique but, combattre et tuer. Ils seront là car ce sont des vikings. »
Le conteur, ou le skâld comme les vikings l’appellent, se tut. Et un silence fit suite à ses paroles. Les vieillards rêvaient de leur gloire passée, les enfants de leur réussite future et les hommes de leurs prochaines batailles. Les flammes crépitèrent dans un craquement sec, ce qui rompit le sortilège. L’assemblée revint au présent et reprit ses esprits. Le Rêve venait de prendre fin.
Les enfants se jetèrent aux pieds du conteur, le suppliant de leur conter une seconde histoire. Le skâld leur répondit d’un sourire bienveillant puis lança un regard interrogateur aux parents, qui acquiescèrent de concert. Le conteur but une gorgée de cervoise bien fraiche pour se rafraichir la gorge puis commença son récit, d’abord dans un murmure très léger, presque inaudible :
Tôt ce matin, la corne a retentit et le son a résonné pendant un moment dans les fjords alentours. Le messager attendit, la corne à la main, toute la matinée, au sommet de la falaise surplombant la mer. Et lorsque l’écho lui revint, un autre son l’accompagnait. D’abord un vague murmure qui se transforma bientôt en clameur. C’était le cri de tout un peuple qui venait de se réveiller. Le messager sourit, le peuple allait de nouveau se réunir et le conseil se tiendrait, comme il en était ainsi sur Asgard, depuis la création d’Yggdrasil…
Le skâld jeta un rapide coup d’œil à l’assemblée, les enfants s’étaient rassis, ils étaient tout à fait calmes à présent, silencieux, les jambes croisés, pendus à ses lèvres.
La cervoise coulait à flot. Les tonneaux avaient été percés en début de soirée et depuis, les cornes ne désemplissaient pas. Un tel rassemblement de communautés vikings était rare. Elles étaient venues de toute la Scandinavie. Les premiers arrivés furent les Danois du Jutland, grands, fiers et arrogants. Puis arrivèrent les pêcheurs d’Aarhus, les tonneaux pleins de saumons séchés et fumés. Tournée de gravlax pour tout le monde. Les chasseurs Borg des îles Lofoten, arrivés les bras chargés de dents de morse installèrent très vite leurs étals, commerçant un jour, commerçant toujours. L’atmosphère s’électrifia quelque peu lorsque les Norvégiens de Bergen et de Kupang, rivaux depuis toujours et se détestant comme chien et chat, arrivèrent en même temps. Mais pour l’occasion, ils avaient enterrés la hache de guerre et brisèrent ensemble quelques crânes à bière. La tension baissa et les festivités reprirent. On pouvait apercevoir aussi les Suenones du lac Mälor et bien sûr, les Goths, les plus redoutables guerriers, venus du sud de la Suède.
Un peu à l’écart de la fête s’étaient rassemblés les chefs de clan, afin de discuter de la prochaine saison. Les vikings voulaient frapper un grand coup et montrer au reste du monde, une bonne pour toute, qu’ils étaient les plus redoutables. Les prêtres avaient consulté les présages, des sacrifices furent offerts aux Dieux. Les signes étaient favorables, trois corbeaux avaient été vus s’envolant vers l’Ouest. Vers les Terres d’Albion et de Francquie.
A présent, les hommes et femmes étaient comme hypnotisés par ses paroles. Seuls ses mots rompaient le silence du Hall de guerre.
Pour clôturer les festivités, comme à l’accoutumée, les prêtres d’Odin s’avancèrent au centre de l’assemblée. L’atmosphère empestait la sueur et les vapeurs d’alcool, les guerriers avaient les yeux rougis, pas uniquement à cause de la fumée des brasiers.
« Guerriers ! » lança l’un des prêtres, vêtu d’une robe blanche.
« L’Occident se moque de vous ! Les peuples de l’Ouest vivent dans l’opulence sans craindre nos attaques. Guerriers ! Les Dieux ont parlé ! Les présages sont clairs et limpides ! Les Dieux veulent du sang pour laver l’affront que le monde nous fait. Il est temps de leur montrer notre vrai visage. Prenez la mer, aiguisez vos lames et porter le nom d’Odìn par delà les océans. Désormais, les hommes devront regarder l’horizon avec la peur au ventre. Soyez le bras armé de Hela, brandissez le marteau de Thor et soyez sans crainte, le Walhalla vous attend ! »
Les guerriers rugirent dans une clameur assourdissante lorsque le prêtre se tut. Un homme enchainé fut emmené à ses pieds.
« -Comment t’appelles-tu misérable chrétien ?
-Je… appel… Groo..ovy, balbutia l’homme tremblant de peur.
-Mesure l’honneur qu’il t’est donné. Aujourd’hui commence une nouvelle ère, une ère de terreur et de supplice. Et tu es notre première victime. »
Le prêtre sortit un poignard d’un pli de sa robe et égorgea le malheureux prisonnier. Un geyser de sang éclaboussa le prêtre de la tête au pied. Levant son poing armé au ciel, il hurla à l’attention du Dieu des dieux.
Le skâld mit fin au récit, la suite serait pour une autre fois, lors de son prochain passage. Cette fois, il n’attendit pas que les effets du Rêve s’estompent et il s’éclipsa, le plus silencieusement possible. D’autres contrées l’attendaient, d’autres histoires devaient être contées.
En cette fin d’été, la température dans le jardin jouxtant la bâtisse imposante était douce et agréable. Au dessus de la grille en fer forgé qui menait au bois enchanté entourant ce lieu paisible nommé Sionabel, sur l’arcade de pierre grise partiellement recouverte de mousse, on arrivait encore à lire quelques mots, des mots pleins de sens, des paroles reflétant en partie la vision de ses occupants… Le skäld franchit l’arcade de pierre et les prononça, par habitude et un peu par superstition aussi :
« Je suis libre, j’écris, je rêve. »
HRP :
Technique : Vovo/MB , le défenseur avait ghost en attaquer vers lune d'inactif pour + de 4j
Dédicaces :
- A Red13 pour le Rp, toujours là quand il faut,
- A mes deutiers, vous assurez
- Aux vikings