La même chose que pour la Grèce ; l'Allemagne refuse d'être solidaire et de payer sa part. Elle va donc faire pression en ce sens, comme d'habitude. Et comme d'habitude, Paris va s'écraser et accepter un plan d'austérité. A moins d'un sursaut, mais ça serait bien la première fois. L'€uro n'est pas une monnaie commune mais un Deutchmark 2.0, l'Allemagne le contrôle directement et personne ne s'y oppose. C'est ce que j'avais expliqué il y a quelques semaines ici, et thegunners avait affirmé que non, ça ne se passerait pas ainsi. Voilà.
Et pourtant, c'est dans un silence assourdissant que l'Allemagne, pour la première fois, a plié hier.
Attention, je n'avance pas que c'est une révolution absolue. Mais il y a du changement. 500 milliards "co-assurés" et versés selon le besoin de reconstruction.
Alors oui, c'est certain il y aura des conditions. Oui, c'est également quasi-certain que certaines conditions relèveront du gros mot "rigueur".
Mais à la différence de la Grèce, la rigueur était demandée pour des prêts. Ici, elle est demandée pour des "transferts", en gros et de façon très schématique, c'est subventions, ou des dons.
Cette situation est très intéressante. En premier lieu, elle démontre que la position de l'Allemagne de vouloir une monnaie commune sans politique monétaire commune, en cas de souci ce n'est pas tenable. Le coronavirus est venu mettre un petit coup derrière la tête à cette théorie allemande. C'était imprévisible, c'est arrivé.
En second lieu, même pour l'Allemagne, l'enfant "modèle", il est préférable de donner de l'argent que de faire exploser l'UE ou la monnaie unique.
Enfin, et c'est assez intéressant (en tout cas pour moi), il y a une question de juriste sur la primauté du droit, et ça c'est très, très fun. Ce dernier point n'est pas résolu, si on se plonge dans l'arrêt allemand, tout n'est pas si simple. Si on regarde l'application du droit européen, ça se complexifie. Enfin, si on regarde les pratiques des juges nationaux constitutionnels (France y compris) par rapport au droit européen, ça devient illisible.
Ca ressemble un peu à la vieille fronde de la cour de cassation face au Conseil constit sur la QPC, qui soulevait (indirectement) une question de primauté pour s'opposer à cette nouvelle voie... c'était il y a 10 ans. On n'en a pas fait la une de tous les journaux européens pour autant. Et au final tout le monde a tapé en touche (CJUE compris) et la cour de cass a pris un petit retour de bâton...
Bref je suis curieux de voir ce que tout ça va donner.