RyuuZetsu [Of_Burg] -Vs- MachineT8000 [LHN] 257m cdr

FANTÔME

Un silence soudain enveloppa l’atmosphère… Emprisonnant avec lui les derniers échos de vie. Amenant avec lui la nuit, étirant son linceul de velours noir, plongeant le monde dans l’obscurité. Plancher qui craque, portes qui grincent, fenêtres brisées qui tintent sous les assauts du vent, manteau de poussière recouvrant les murs, c’est en étant ainsi caché que le Temps se révèle en ce lieu.

Assise au fond d’une classe, je contemple tour à tour, les rangés de tables en rangs serrés, tournée vers un bureau sans maître, face au tableau vide. Au dehors, les arbres sans feuilles s’agitaient dans une danse burlesque, étalant leur grimace menaçante sur les façades de l’école.

Soudain, un éclat argenté attira mon regard. Vif comme une étoile, il filait aux abords de la cour. Intriguée, je me levais et sortie en trombe de la salle de classe.
Un couloir, deux couloirs, une porte, un escalier, deux escaliers.. Mes pas filaient sans bruit à travers ce labyrinthe que je connaissais par cœur.

L’air frais me caressa le visage. Mes yeux scrutèrent le brouillard de la nuit, distinguant ça et là des formes indécises. Face à cette immense cours qui sous la lumière s’anime d’un mouvement perpétuel, dont la voix se fait l’écho la nuit venue, gardant en elle l’écho de cette vie.

Je le vis, entre les arbres, à l’ombre des racines, filant sur les feuilles, silencieux et rapide. Un chat, entièrement blanc, des yeux azur. Autour de son cou, un mince collier à l’extrémité duquel une petite clochette en argent tintait dans la nuit.

A mon approche, il fila comme un fantôme.

- Attends !

Je le suivis à l’ombre des géants millénaires, mes pas me guidèrent dans l’obscurité. M’enfonçant de plus en plus profondément dans la végétation, le silence enveloppa comme un châle, m’isolant du monde extérieur. Le son d’une clochette… Sur ma gauche, je vis l’animal perché sur un petit amas de pierre, me fixant de son regard intense. En m’approchant, je vis qu’il s’agissait d’un petit autel funéraire. Des visages terrifiants me fixèrent , braquant leur visage blafard de porcelaine vers moi. Une désagréable sensation se faisait sentir dans mon ventre. Plus je m’approchais, plus elle me dévorait.. Des inscriptions… Des rubans, des prières… A genoux face à ce sanctuaire, je ne pus retenir mes larmes. Un nom… La peur… Un nom que je ne pouvais prononcer, ni même lire… Tout ce brouilla en moi.

Me relevant d’un bond, je courus aussi loin que possible de cette endroit terrifiant.. Des images filaient devant mes yeux, tandis que je sentais les ténèbres tout autour de moi, le rires narquois des démons derrière moi… - Arrêtez !!

Perdue… Où-aller… Où suis-je… Au loins j’entendis un miaulement.. Puis un cri.. Mon cri..

Enfin la lune transperça l’obscurité, dissipant la nuit de son halo irréel.

J’étais revenu aux abords de la cour. Le calme reprenant peu à peu son emprise, je m’avançais d’un pas rapide vers l’école.
L’odeur familière fini par me rassurer, le craquement habituel des planches, le grincement des portes, le silence apaisant des salles de classes.. Par l’une des fenêtres, je vis le ciel se teindre d’une douce couleur rose. L’aube se levait. Et tandis que la vie s’éveillait, étirant ses bras sur le monde, moi, je m’effaçais.